La liberté intellectuelle ne peut vivre à l'ombre d'une dictature, ni celle-ci se sentir sûre aussi longtemps qu'un seul esprit libre se maintient à l'intérieur de ses frontières.
Conscience contre violence - Stefan ZWEIG - 1936
La période étant propice à la réflexion et à la prise de distance par rapport aux événements qui agitent la GLNF depuis bientôt 2 ans, et aiguillonné par la réflexion d'un Frère, nous nous sommes plongés dans la lecture de "Conscience contre violence" de Stefan Zweig.
Dans cet ouvrage, l'écrivain relate le combat mené par Castellion contre Calvin régnant en Maitre absolu sur les consciences politiques et religieuses du XVIème siècle.
Au seuil de ce qui restera une page noire de l'histoire à savoir les funestes guerres de religion, Sébastien Castellion, savant et théologien français émigré en Suisse, a osé s'opposer publiquement à Maître Jean Calvin qui, le 27 octobre 1536, venait de faire brûler vif en place publique Michel Servet.
Ce dernier, médecin émigré espagnol, s'était, en effet, rendu coupable de s'être interrogé sur la réalité de la Sainte Trinité, osant remettre en cause le bel agencement du dogme de la Réforme farouchement défendu par l'une de ses figures majeures.
Le mérite de Castellion est non seulement d'avoir eu le courage de faire entendre une voix discordante dans un désert de protestation afin de réhabiliter Servet mais également d'avoir tenté d'éveiller les consciences terrorisées par le despotisme intellectuel et religieux imposé d'une main de fer par Calvin.
Quel rapport entre le combat mené par Castellion contre Calvin et celui mené par FMR et le collectif Myosotis contre l'ExGM ?
C'est là, tout l'intérêt d'une lecture commentée de l'ouvrage de Stefan Zweig dont de nombreux passages (extraits et citations figurant ici en italique) nous ont ramenés à la récente, triste et tragique histoire de la GLNF.
Les armes du despote
Si la figure de l'exGM n'a, a priori, rien à voir avec celle de Jean Calvin, tant par sa dimension historique que par les valeurs spirituelles que ce dernier a incarné, elle rejoint pourtant celle du théologien sous de nombreux aspects et notamment dans l'expression et les actes d'un despote fanatique et intransigeant.
L'histoire récente de la GLNF nous a montré que François Stif. a respecté en tous points l'attitude des dictateurs en ce sens que " La première pensée qui vient à l'esprit d'un caractère despotique est toujours de museler, d'étouffer, de détruire toute opinion opposée à la sienne."
Toutes attitudes que notre Ex Guide auto-éclairé a largement pratiqué en déployant de nombreuses armes.
Quel arme a-t-il tout d'abord utilisé ?
La Censure, fidèle en cela avec la logique de tous les despotes : "La censure n'est-elle pas la fille naturelle de toute les dictatures ?"
Se levant avec quelques autres Frères, Claude Seil. a bien tenté de prendre le contre-pied des décisions et actes de François Stif. mais cela n'a fait qu'enflammer la colère du Grand Maître d'alors car ce dernier...a, au milieu de la servitude générale, reconnu en lui l'adversaire éternel de toute dictature, celui qui ne se soumet pas, l'homme indépendant.
C'est cette indépendance de parole qui inquiète le Grand Maître et qu'il n'aura de cesse dès ce moment de vouloir briser.
Ce que Stefan Zweig traduit par le fait que "les natures autoritaires voient toujours en ceux qui pensent d'une façon indépendante d'insupportables opposants."
La seconde arme que notre ExGM a été contraint d'utiliser est malheureusement encore le lot de toutes les dictatures : la Violence faite d'ordonnances, de bannissements, d'exclusions, d'anathèmes.
Au début circonscrites à la Province du Val de Loire, fief de Claude Seil. et des principaux opposants, les mesures prises par François Stif. se sont ensuite multipliées à une cadence folle, atteignant des records de mesures disciplinaires prises simultanément toutes obédiences nationales et internationales confondues.
Ce qu'en son temps, Castellion décrivait comme la pente inéluctable à laquelle était réduite Calvin. " Quiconque a eu recours à la violence doit continuer à en user, qui a commencé à employer la terreur est obligé d'en aggraver les mesures. "
Et, c'est dans cette tendance inéluctable et presque contrainte que réside " le secret éternel des dictatures : la terreur."
La troisième arme a lentement pris consistance au décours de la résistance envers l'Ex Guide auto-déclaré à savoir la Manipulation.
En effet, la résistance rencontrée par François Stif. pendant et après la rébellion de 2009 n'a fait que le renforcer dans la conviction que pour dominer, les méthodes d'intimidation et de répression légales sont insuffisantes, et que seule la conquête de la totalité du pouvoir assure la destruction totale de toute opposition.
A l'instar de Calvin, l'Ex GM s'est contenté au début de paralyser par des moyens légaux le processus démocratique notamment au niveau des Assemblées générales ; modifiant plus ou moins adroitement les votes et les pouvoirs, transformant petit à petit les majorités au niveau du Souverain Grand Comité ou des potentats Provinciaux.
Mais, il s'est vu rapidement contraint de recourir aux outils classiques des despotes comme la propagande, le mensonge, la chasse aux "miasmes", les procès et l'utilisation massive des organes de communication de la GLNF au profit de sa seule pensée et de son seul discours.
Il a ainsi donné raison à Castellion qui déclarait en 1554 :
" Depuis le commencement, tout le mal est venu des doctrinaires qui veulent que leur système soit le seul, l'unique. Ce sont ces sectaires de la pensée et de l'action qui perturbent la paix universelle et qui, par leur tyrannie, transforment la juxtaposition naturelle des idées en opposition et en discorde meurtrière."
Une lente prise de conscience
Il a fallu du temps avant qu'une réelle prise de conscience ne voit le jour parmi la majorité des Frères. Comme l'indique de nouveau Stefan Zweig, "Celui qui se dresse contre les maîtres du jour doit toujours s'attendre à n'avoir que très peu de partisans, étant donné l'immortelle lâcheté des hommes."
Nous devons reconnaître que nous n'avons pas réalisé immédiatement la gravité de la situation à laquelle la GLNF était confrontée du fait des errances de François Stif. ni pris la mesure de l'iniquité et de l'absurdité des décisions prises à l'encontre de la première phalange d'opposants.
Ce que Zweig traduisait par le fait qu'"Il faut toujours un certain temps avant qu'un peuple remarque que les avantages momentanés d'une dictature, que sa discipline plus stricte et sa vigueur renforcée sont payés par le sacrifice des droits de l'individu et que, inévitablement, chaque nouvelle loi coûte une vieille liberté."
Peut-être nous sommes-nous laissé hypnotiser par les discours enjôleurs de l'ExGM, avant tout avocat habile pour embobiner ses interlocuteurs en utilisant la dialectique maçonnique; celle-ci devenant de ce fait castratrice car détournée de son objet et de son champ d'application par ce prestidigitateur hors-pair ?
Reprenant le pamphlet de Castellion envers Calvin, Stefan Zweig nous rappelle que "ce n'est jamais aux Justes que les hommes, sur qui la suggestion a une si grande force, se soumettent, mais aux grands monomanes, qui n'ont pas peur de proclamer leur vérité comme la formule fondamentale de la loi du monde."
Le nécessaire regroupement des forces de l'opposition
Une fois sortis de notre passivité coupable, nous avons été nombreux à nous mobiliser.
D'une manière historique, et se situant dans la mouvance de l'association Franc-Maçonnerie Régulière, le collectif Myosotis a su coordonner une des armes de l'opposition à savoir les nombreux blogs Myosotis régionaux se calquant sur la structure des Provinces de la GLNF.
Il faut rappeler que l'ExGM a tout de suite senti le danger et lancé rapidement une vague d'exclusion-nomination afin de tenter de juguler les voies discordantes, montrant par là-même aux Frères encore indécis qu'il représentait encore et toujours l'Autorité face à une opposition faite de "quelques miasmes" turbulents mais négligeables car désorganisés.
Ainsi que l'écrit Zweig, " C'est précisément là que réside l'avantage de toutes les dictatures...si leur volonté disciplinée se manifeste d'une façon ferme et organisée, celle de l'opposition, composée d'éléments divers et mue par des motifs divers, n'arrive jamais à se grouper en une force véritable ou n'y parvient que très tard."
Ce que Zweig nous indique également, c'est que les dictateurs jouent sur les divisions de l'opposition pour durer. Car, quel que soit leur nombre et leurs détermination individuelle, " le nombre des adversaires d'une dictature importe peu, aussi longtemps qu'ils ne se réunissent pas pour agir selon un plan commun et au sein d'une organisation commune. "
"C'est pourquoi il s'écoule toujours un temps très long entre le moment où l'autorité d'un dictateur subit son premier ébranlement et celui de sa chute définitive."
Ceci ne peut que nous renforcer dans notre détermination à poursuivre sans nous décourager notre objectif d'élimination de l'ExGM de notre obédience d'une part et d'autre part, très rapidement, à rassembler l'ensemble des forces d'opposition.
Une chute inéluctable
Certes, Calvin n'a pas suivi le même destin que celui de notre Ex Guide spirituel dont la chute apparaît aujourd'hui inéluctable.
De façon similaire à la prise de conscience de l'opinion en faveur de Servet contre Calvin suite au plaidoyer de Castellion, la très grande majorité des Frères est maintenant convaincue que François Stif. doit partir.
Les voies qui se font entendre sont encore plus fermes et déterminées qu'auparavant car, comme l'énonce Zweig : " Dans les guerres d'idées, les meilleurs combattants ne sont pas ceux qui se lancent légèrement et passionnément dans la lutte, mais ceux qui hésitent longtemps avant de s'y engager, les pacifiques, chez qui la décision mûrit lentement. Ce n'est qu'une fois épuisées toutes les possibilités d'entente et reconnu le caractère inéluctable de la lutte, qu'ils vont au combat d'un coeur lourd et triste. Mais ce sont précisément ceux-là qui sont ensuite les plus décidés, les plus résolus."
Souhaitons-nous que tous les Frères, nous disons bien tous les Frères, enfin unis, mettent un terme définitif à la parenthèse François Stif. et quoi qu'il arrive, restons confiants car, comme le déclare Zweig, " il se trouvera toujours un Castellion pour s'insurger contre un Calvin et pour défendre l'indépendance souveraine des opinions contre toutes les formes de la violence."