De nombreuses contributions ont alimentés et alimentent encore le Livre blanc pour la Refondation de la GLNF tant directement qu’à partir des blogs Myosotis.
Nous tentons ici de faire une synthèse modeste de certaines idées, sans tomber dans le piège du consensus mou, tout en relançant le débat en vue de la prochaine Refondation de notre Obédience.
Qu’entend-on par Refondation ?
Nous parlons de Refondation, au sens d’action de fonder à nouveau.
Nous parlons de Refondation, c’est-à-dire de reconstruction sur des bases, des valeurs nouvelles, ce qui signifie que nous avons fait le deuil de l’« ancienne » GLNF.
Nous ne parlons pas de Rénovation, au sens de transformation pour moderniser, pour « relooker ».
Nous ne parlons pas de Rénovation qui signifierait que nous ne remettons pas en question les fondements de la GLNF ; ceux-là même qui font débat et qui sont à l’origine de la dérive de notre obédience.
Nous croyons que l’avenir de la GLNF passe par une réforme des concepts historiques sur lesquels elle fonde sa régularité, et souche sa reconnaissance.
Ces mêmes critères sont à l’origine du poids dogmatique qui pèse de plus en plus sur la démarche du Franc-Maçon moderne.
Il s’agit de revisiter le constat actuel de la Franc-Maçonnerie française et de le rendre opératoire.
Nous prétendons, par ailleurs, que la Franc-Maçonnerie doit se réformer de l’intérieur tout en tenant compte des contraintes sociales et sociétales auxquelles sont confrontés ses adhérents.
La Refondation peut s’articuler autour des changements à apporter pour éliminer les lignes de faille qui grèvent les capacités d’évolution de la Maçonnerie, en général et de la GLNF, en particulier.
Les grandes questions qui font obstacle à une véritable Refondation peuvent être regroupées comme suit :
- Les Rivalités inter-obédientielles et inter-Rites
- Les Approches dogmatiques sur la reconnaissance, la régularité, l’approche féminine,...
- La Pauvreté des travaux de Loge
- La Solidarité de façade plus tournée vers l’extérieur que vers les membres
- Une Image déplorable de la Franc-Maçonnerie auprès du grand public
- Une Administration prééminente et tentaculaire avec des processus sclérosants
- Un relatif isolement des Loges par une communication inefficace
Ces points sont présentés à partir d’un état des lieux succinct de la Maçonnerie française et peuvent être considéré comme une contribution au Livre Blanc de la Refondation présenté par FMR.
Revisiter l’état des lieux de la Maçonnerie française :
Les Rivalités inter-obédientielles et inter-Rites
Il y a lieu de briser les frontières administratives entre les Obédiences françaises au niveau individuel dans un premier temps en considérant comme positifs les échanges, les visites, les débats et les rapprochements. Puis, dans un deuxième temps, d’ouvrir le débat vers l’unicité de la réponse maçonnique française qui est riche de sa diversité mais pauvre dans son unité et donc inefficace au niveau social et sociétal.
Les rivalités inter-Rites doivent être éliminées par un dialogue encore plus poussée et une réelle connaissance des particularités de chacun.
Les Approches dogmatiques sur la reconnaissance, la régularité, l’approche féminine,...
Comment un Franc-Maçon, digne de ce nom, peut ne pas reconnaître au XXIème siècle un Frère d’une autre Obédience ?
Comment des Loges et leurs représentants, des « Grandes Loges » de tel ou tel pays et leurs « dignitaires » peuvent mettre en avant des critères d’exclusion plutôt que l’ouverture de leurs Temples, une approche dogmatique frisant l’anathème au détriment du dialogue fraternel ?
Pourquoi ne pouvons-nous pas considérer l’approche féminine de la Franc-Maçonnerie comme un atout au développement de la maçonnerie universelle et permettre aux Frères, que cette approche différente intéresse ou intrigue, de s’y confronter sans être excommunié ?
Il y a là tout un champ de réflexion à mener au sein de l’Obédience qui doit déboucher sur l’élimination des anciens réflexes au profit de l’ouverture et du dialogue.
Par ailleurs, si la régularité repose uniquement sur la croyance dans le GADLU, la présence du Volume Sacré de la Loi et l'absence de toute discussion politique et/ou religieuse en Loge, cela signifie que la non-régularité implique qu’un ou plus de ces critères ne soit pas respecté. Est-ce pour autant que nous ne pouvons pas échanger dans le respect des différences ?
La Pauvreté des travaux de Loge
Dans le confort de nos Loges, nous oublions la nécessité de remettre en question les outils que nous ont légués nos glorieux pionniers au nom de sacro-saintes valeurs maçonniques réputées incontournables et inamovibles.
Le travail du Frère consiste bien souvent à « googeliser » et à synthétiser un ensemble très orthodoxe de notions maçonniques sans réelle réflexion ni valeur ajoutée personnelle.
Le choix des thèmes de travail par les Loges doit permettre de pousser les Frères à l’introspection, à les faire réfléchir sur ce qui donne un sens à la vie et ce qui pourrait provoquer une modification de nos comportements et engagements dans la vie profane.
Il serait également important de différencier les buts et méthodes de travail selon les degrés.
La Solidarité de façade plus tournée vers l’extérieur que vers les membres
Il est regrettable que la notion de Solidarité ait été dévoyée et détournée de son sens au sein de notre Obédience. L’évaluation de l’utilité effective des structures créées, tant l'Œuvre d'Assistance Fraternelle-OAF que la « Fondation pour la promotion de l’Homme », sans parler d’« Hôpital Assistance », doit être effectuée et les objectifs réévalués en regard de ceux des autres Organisations de Solidarité.
Par ailleurs, il est primordial de réhabiliter l’autonomie du « Tronc de la Veuve », de lui donner une réelle valeur ajoutée en permettant à la Loge de l’utiliser pour les Frères en difficulté.
Il est même concevable que des Loges puissent mutualiser leurs « Troncs » en cas de besoin important d’un ou de plusieurs Frères.
Une Image déplorable de la Franc-Maçonnerie auprès du grand public
Les « affaires » à répétition ont gravement entachée l’image et la réputation de notre Obédience et les « purges » annoncées relèvent très certainement de l’incantation de quelque Grand-Maître. Ceci nuit à la lisibilité des atouts que peut représenter la démarche initiatique pour un profane.
Par ailleurs, les journaux pratiquent avec succès la politique du "marronnier" à partir de titres racoleurs et le dévoilement de tel ou tel aspect du secret de la Maçonnerie.
Couplés à la communication récente, désordonnée et hors-propos de l’ancien Grand-Maître, l’image de la GLNF est considérablement brouillée et tend plutôt à repousser qu’à séduire les candidats.
Pour corriger cet état de fait, il y a lieu de mettre en place une communication discrète et ciblée, vers les individus les plus à même d’être attirés par la démarche maçonnique. Cette communication doit également s’appuyer sur un engagement public dans certaines causes et il s’agit ici de réviser le concept de liberté d’opinion et d’expression du Franc-Maçon.
Il paraît paradoxal et incohérent qu’une spiritualité qui a pour finalité la libération de l’individu musèle encore l’expression des opinions de ses adhérents !
Une Administration prééminente et tentaculaire avec des processus sclérosants
Tout a été dit ou presque sur le poids énorme que fait peser l’administration de la GLNF sur l’économie de la Loge.
Hormis la question financière, la suprématie de la hiérarchie administrative entraîne une perte de repère des Frères sur la réalité et l’exercice du pouvoir initiatique qui, rappelons-le, est du domaine de la Loge.
De plus en plus souvent dénoncé, le pseudo-pouvoir des « Tabliers bleus » doit être supprimé et une cohérence de gestion de l’Obédience dans son ensemble doit être mise en place par des processus allégés et l’utilisation de moyens modernes de communication.
Il faut sortir de cette paranoïa des élites autoproclamées, de cette terreur intellectuelle infligée aux Frères sur tel ou tel point de rituel, souvent non maitrisé par le maître à penser lui-même, de cette « cratophilie », ce goût immodéré du pouvoir, qui gangrène notre Obédience et ruine la Fraternité dans ses fondements.
Il est à envisager la suppression pure et simple de la centralisation de l’administration de la GLNF qui, en dehors de la représentation légale, n’a aucun pouvoir initiatique, ne concourt pas à la quête spirituelle des adhérents et ne participe pas de la réflexion sociale et sociétale des Frères.
Il faut dire clairement que les Franc-Maçons, dans leur démarche quotidienne, n’ont pas besoin d’une structure administrative lourde.
Que peut-on demander à celle-ci, sinon une certaine centralisation de données comme un registre des adhérents, la délivrance de « passeports maçonniques », et une régulation des activités de l’Obédience par une information directe via internet ?
Un relatif isolement des Loges par une communication inefficace
Par un processus administratif pernicieux, les Loges ont, petit à petit, été isolées les unes des autres et finissent pas ne plus communiquer entre elles. Les rares informations passent par le filtre obédientiel par le biais de la communication « officielle » et n’apportent rien sur le fond.
La communication passe aujourd’hui de façon privilégiée par internet.
La mise en place de sites maçonnique privatifs sera un atout important pour permettre aux Loges de mieux communiquer.
La demande est présente et l’explosion des blogs Myosotis en est la preuve tangible.
Il y a lieu de s’inspirer de ce mouvement et de le réorienter dans le cadre de la Refondation.
La Refondation passe également par l’affirmation de valeurs primordiales et intangibles imprégnant l’ensemble des processus opérationnels du projet global.
Certaines valeurs sur lesquelles repose notre démarche de Franc-Maçon doivent être revisitées puisqu’elles ont fait et font encore l’objet de multiples interprétations et sont souvent utilisées à des fins contradictoires.
La Refondation devra donc donner des définitions claires et indiquer comment elle compte rendre opérationnelles les notions de :
- Tradition
- Liberté
- Communication
- Travail et Formation
- Fraternité et Solidarité
Nous tenterons de faire ressortir les points qui nous semblent importants dans une contribution complémentaire.